LE MOULIN DU FRAU

VENDU

Eugène LE ROY

Louis-Joseph SOULAS

MORNAY

Illustrations de Louis-Joseph SOULAS

Editions Mornay, 1927
39ème titre de la collection “Les Beaux Livres”

In-8° – 473 pages
Dimensions : 160 x 205

Exemplaire n°540 sur papier de Rives

Belle reliure demi-maroquin bordeaux à coins
Dos à 4 nerfs
Tête dorée
Couverture et dos conservés
Intérieur impeccable

“Cette sincérité du narrateur, déjà si précieuse en elle-même, est servie, dans le Moulin, par une justesse de vision des plus rares—et mise en valeur par une prose singulièrement expressive, mais qui, par bonheur, n’a aucun rapport avec le style tendu, compliqué, surchargé, dont les professionnels du pittoresque font un usage si fatigant. Elle est au contraire aisée, courante, toute spontanée… Et comme elle convient, comme elle s’adapte aux choses et aux personnages représentés!

Les meuniers du Frau, les Nogaret, laborieux et rangés, mais de cœur généreux, accueillants aux porte-besace, serviables aux voisins dans la gêne, et qui, républicains fiers de leur quatorze quartiers de meunerie, ne s’en laissent pas plus imposer par la grosse importance des bourgeois tout neufs que par les grands airs des hobereaux en bottes molles et en casquette à deux becs;—M. Silain de Puygolfier, type du gentillâtre insouciant et dissipateur, chasseur de lièvres et de bergères, buveur, joueur, perdant aux cartes l’argent de la paire de bœufs qu’il vient de vendre sur le foirail; sa fille, «la demoiselle», qui vieillit au logis, délaissée et charmante, regardant avec une mélancolie résignée les métairies, attachées de temps immémorial au castel de famille, s’en aller une à une aux mains des marchands de biens;—le petit tailleur sec et taciturne qui, après avoir ruminé toute la semaine l’article socialiste de la Ruche en tirant l’aiguille sur son établi, s’évertue inutilement, dans les veillées d’hiver où l’on énoise, à catéchiser la tablée des métayères et des bouviers, lesquels réservent leur attention effarée à des histoires de l’autre monde: la chasse volante, le loup-garou, la biche-blanche, contées en tremblant par le garçon-meunier Gustou;—Nancy, la bâtarde de l’hospice; la bonne Mondine, servante chez les Nogaret; le facteur Brizon; le rebouteux Labrugère; et le curé, et le sacristain, et le sorcier, et le maréchal, et les muletiers, conducteurs de minerai, et les charbonniers de nos forges disparues, dont les hauts fourneaux flambaient toute la nuit, embrasant la nappe noire des étangs! qui sais-je encore? car ils y sont tous, nos ruraux, et saisis sur le vif, définitivement fixés par le meunier Hélie ou par le maître Eugène Le Roy, que, j’ai beau faire, je ne puis distinguer l’un de l’autre.

Nos paysages ont trouvé leur peintre, qu’on ne surpassera point: les coutumes, les travaux et les fêtes de nos campagnes, un conteur qui ne sera pas égalé. Si vous ouvrez le volume, vous ne le fermerez pas avant de l’avoir lu tout entier, d’une affilée,—et vous le reprendrez souventes fois, je vous le prédis: vous surtout, compatriotes, que les exigences de la vie retiennent dans la grand’ville, mais qui gardez au cœur le regret violent du «pays», où vous reviendrez sur le tard pour y vieillir doucement et reposer à côté de vos anciens.

Ah! quelle joie pour nous, les Parisiens, quel enchantement qu’un ouvrage pareil! Il est de ceux qu’on installe sur le bas rayon de la bibliothèque, dans la rangée des «amis», à portée de la main. C’est là que je le placerai. En attendant, je vais commander pour lui une de ces reliures solides et cossues d’autrefois, une reliure en veau fin, couleur des armoires de noyer aux veines foncées qui décorent nos fermes et nos manoirs périgourdins: je veux à ce livre un vêtement durable comme lui.“

(Avant-propos d’ALCIDE DUSOLIER)

Enfant d’Orléans né dans le quartier Saint Marceau en 1905, Louis Joseph Soulas s’est d’abord donné corps et âme à la Beauce  en particulier à Lignerolles près de Patay où il grandit. A12 ans, il intègre la Manufacture des Gobelins à Paris pour apprendre le dessin puis l’école Estienne pour découvrir la gravure sur bois. Il travaillera par la suite l’eau-forte, la gravure sur cuivre. Doté d’une notoriété internationale il illustre de nombreux ouvrages, grave près de 500 planches et intègre les plus grands musées dans le monde entier. Il meurt subitement à Paris le 26 mars 1954. Tout au long de sa carrière LJ Soulas recevra de nombreux prix en France mais aussi à Venise ou Rome où il représentait la gravure française. Il recevra même la légion d’honneur des mains de Maurice Genevoix.

Il n’a qu’une vingtaine d’années lorsqu’il illustre Jacquou le Croquant et Le Moulin du Frau pour les éditions de luxe Mornay à Paris. Il séjourne à plusieurs reprises dans le Périgord pour mieux en saisir l’âme et le sens et s’en pénétrer davantage. Il est considéré aujourd’hui comme un des meilleurs burinistes de son temps.

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