LE PÈRE HUMILIÉ

VENDU

Paul CLAUDEL

Éditions de la NRF

Editions de la Nouvelle Revue Française, 1920

EDITION ORIGINALE

Un des exemplaires (n°252) réservés aux amis de l’édition originale

In-8° – 189 pages
Dimensions : 140 x 190

Reliure toile décorée à la gouache
André-Jean POWILEWICZ a orné cet exemplaire (gardes, page de titre, frontispice, 4 dessins originaux hors-texte au crayon représentant des décors romains) en 1965.
Projet de reliure relié in fine
Tête dorée
Couverture et dos conservés
Intérieur impeccable

Conçu à Hambourg dès le mois de juillet 1914, Le Père humilié a été composé à Rome entre le mois de novembre 1915 et le mois de juillet 1916, dans l’enthousiasme et l’émerveillement que procurait à Claudel son séjour dans la capitale italienne, et publié dans la NRF en septembre et octobre 1919.

Le Père humilié est la « suite » du Pain dur comme Le Pain dur était la suite de L’Otage. L’action se déroule à Rome, de 1869 à 1871, alors que troupes de Garibaldi s’emparent des États du pape et que se déclare en 1870 la guerre entre l’Allemagne et la France alliée à l’Italie. Le premier acte se déroule dans les jardins d’une villa de Rome, où un exilé polonais, le prince Wronsky, donne une fête costumée où se rencontrent Pensée de Coûfontaine, fille aveugle de Sichel et de Louis de Coûfontaine, devenu ambassadeur de France en Italie, et les frères Orian et Orso de Homodarmes, neveux du Pape, tous deux amoureux de Pensée. Pensée entraîne Orian dans une promenade à travers les jardins où ils s’avouent leur amour. L’acte II se situe dans un cloître où le pape s’entretient avec un frère mineur, auquel il confie son inquiétude et son désarroi devant les menaces qui pèsent sur les États du Saint-Siège, puis avec Orso et Orian de Homodarmes, auquel il conseille de renoncer à sa passion pour se livrer à sa vocation religieuse et de s’effacer pour laisser son frère épouser Pensée. À l’acte III, situé au mois de septembre 1870, alors que Rome a été conquise par Garibaldi et la France vaincue par l’Allemagne, Orian, qui s’était éloigné pendant un an, retrouve Pensée qu’il n’a pas cessé d’aimer et tous deux cèdent à leur passion. Les fiançailles d’Orso et Pensée sont rompues. Au dernier acte, en 1871, Pensée attend un enfant d’Orian. Mais Orso vient annoncer la mort d’Orian tué sur le champ de bataille dans la guerre contre la Prusse. Il a rapporté sa tête, puis, dans une version corrigée du drame en 1946, son cœur dans une corbeille de fleurs. Pensée épousera Orso pour sauvegarder l’honneur et élever son enfant, tout en restant indéfectiblement fidèle à Orian.

Bien que soit respecté le cadre historique emprunté aux événements de l’unité italienne et de la guerre de 1870, l’histoire importe ici moins, contrairement aux pièces précédentes de la Trilogie, que le drame amoureux, marqué par le souvenir douloureux de la passion de Partage de Midi, et le drame spirituel, engendré par le débat, comme dans Partage de Midi, entre la vocation religieuse et l’amour humain, et surtout le drame mystique, inspiré par le conflit entre la passion amoureuse et les aspirations religieuses, et sous-tendu par la question des relations entre le christianisme et le judaïsme. Pensée, fille de la juive Sichel et de Louis, fils de Sygne de Coûfontaine attachée à la tradition monarchiste et catholique, est partagée entre deux héritages et deux vocations. Aveugle, elle est semblable à la Synagogue, telle qu’elle est représentée avec un bandeau sur les yeux aux portes de la cathédrale de Strasbourg. L’enfant qu’elle conçoit d’Orian, neveu du Pape, et qui devait être le héros d’un nouveau drame que Claudel n’a jamais écrit, signifie l’espoir de la réconciliation entre Rome et Israël, à laquelle Claudel n’a cessé de réfléchir et à laquelle il a consacré par la suite de nombreux écrits, notamment dans L’Evangile d’Isaïe et Une voix sur Israël. Plus profondément encore, la vocation d’Orian et le symbolisme du personnage de Pensée, l’amour d’Orian, dont le nom est lumière, et de l’aveugle Pensée, représentant à la fois l’Ancien Testament et la nuit de la foi, « la fiancée du Cantique » et l’âme en quête de Dieu, confèrent au drame une signification et une résonance proprement mystiques.

L’émotion ressentie par Claudel à Rome et l’élévation du conflit spirituel figuré dans le drame ont conduit l’auteur à renouer dans cette œuvre avec le ton lyrique auquel il avait renoncé dans les deux précédents drames. La douceur de la fête nocturne dans le jardin du premier acte, la mélancolie des élégies amoureuses dans les ruines du Palatin, la douleur et la noblesse des attitudes et des sentiments dans le dénouement, rehaussées, dans la version de 1944, par un finale lyrique, l’écriture et le ton du Père humilié en font, selon Claudel, dans une lettre à Georges Crémieux du 7 septembre 1945, « un drame tout de sentiment et de poésie », et même, écrivait-il en 1946 , « le plus musical de tous mes drames ».

Créé en Allemagne en 1926, Le Père humilié ne sera représenté en France qu’en 1946, au théâtre des Champs-Élysées, dans une mise en scène de jean Valcourt, sans grand succès. La pièce a été reprise en 1962 au théâtre du Vieux-Colombier, dans la mise en scène de Bernard Jenny, puis au théâtre du Rond-Point, en 1995, dans le cadre de la représentation des trois pièces de la Trilogie par Marcel Maréchal.

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