MON FRÈRE YVES

VENDU

Pierre LOTI

Mathurin MÉHEUT

MORNAY

Illustrations de Mathurin MÉHEUT

Editions Mornay, 1928
45ème livre de la collection "LES BEAUX LIVRES"

In-8° - 363 pages
Dimensions : 170 x 210
Un des 50 exemplaires (n°106) sur papier de Montval imprimés pour la librairie Viau y zona de Buenos-Aires

Reliure plein chagrin bleu nuit
Dos à 2 gros nerfs en tête et en queue
Titrage doré au dos et estampés sur le plat
Tête teintée ornée de fleurons dorés
Couverture illustrée conservée

Une fois de plus, Loti se met en scène ici dans une histoire nourrie de son vécu (n’oublions pas qu’officier de la marine nationale, il passa près d’une vingtaine d’années en mer), une histoire forte d’amitié profonde et indéfectible avec un matelot breton dont il se fera le mentor et l’ange gardien, son “frère” Yves inspiré d’un personnage réel, Pierre Le Cor. Il aura fort à faire avec ce dernier, un de ces beaux gabiers athlétiques et courageux qui risquaient leur vie en haut des grands mâts (nous sommes encore dans les années 1880 au temps de la marine à voiles), un être adorable et exemplaire à jeun mais que le démon atavique de l’alcool peut transformer en être violent et indomptable, en brute avilie et bourreau de ses proches dès qu’il met le pied à terre…

Le récit nous entraîne tantôt dans l’immensité morne et la beauté sublime des mers du Sud, tantôt au cœur de terribles déchaînements des éléments à l’autre bout de la planète (la description de la tempête et de son vécu par les marins, véritable morceau d’anthologie est sans doute le passage qui m’a le plus marquée) ou encore sur cette mer brumeuse, à quelques encablures parfois des dangereux rochers qui longent la côte bretonne. Loti témoigne là de divers aspects de cette vie faite de routine, d’aventures et de renonciations que menaient ces jeunes hommes d’équipage, une “vie drastique au large”, une vie de “séquestration sur (un) couvent flottant” que troublaient la nostalgie de la terre natale ou le rêve de la liberté par la désertion dans de grands sursauts de mélancolie ou de révolte contre cette discipline de fer des navires de guerre.

Mais “Mon frère Yves” n’est pas seulement un roman de la mer. La relation des séjours à terre, après de longues périodes de campagne sans revoir les siens, tient tout autant de place dans le récit : séjours de tous les dangers dans ce sinistre port militaire de Brest où vit toute une population misérable – notamment les ouvriers de l’arsenal -avec ses bouges et où sévit un alcoolisme endémique ou retours dans les familles, dans une Bretagne de l’intérieur, aux teintes grises ou roses selon la saison, une Bretagne encore complètement isolée, primitive, qui perpétue ses traditions ancestrales.

Si les péripéties de la vie d’Yves en but à son éternel combat contre lui-même captent l’intérêt du lecteur dans la première moitié du roman, la suite comporte des passages plus mièvres bien que l’auteur sache relancer l’inquiétude au sujet du devenir de son personnage.

Mais comme toujours, chez Loti, c’est moins l’histoire qui importe que la magie, le charme de son écriture, cet art consommé des longues descriptions, cette façon de restituer des impressions, de recréer des atmosphères dans laquelle il excelle.

Fils d’un artisan lamballais, Méheut manifeste très tôt des dons artistiques et sort à 20 ans, brillamment diplômé de l’école des Beaux Arts de Rennes. Il s’inscrit ensuite à l’Ecole nationale des arts décoratifs à Paris et suit les cours d’Eugène Grasset à l’Ecole normale d’enseignement du dessin. Très vite, il collabore comme peintre décorateur à la prestigieuse revue Art et décoration. Puis il va à la Station de biologie marine de Roscoff pour illustrer Etude de la mer, flore et faune de la Manche et de l’Océan. Ce livre publié en 1913 et exposé avec d’autres travaux le fait accéder à la notoriété.

Il part au Japon en 1914 avec la bourse Autour du monde financée par la fondation Albert Kahn. Au Japon, il trouve la confirmation de ses choix iconographiques, telle la représentation de l’essentiel avec un minimum de moyens. Son séjour est interrompu par la mobilisation générale. D’abord simple fantassin dans les tranchées, Méheut est nommé lieutenant en 1917 et attaché au service topographique de l’état-major de la 1re armée. Peintre combattant sur le front d’Artois et en Argonne, il dessine la vie quotidienne de ses pairs. Le crayon ou le pinceau toujours à la main, il rapporte une quantité de documents sur cette période.

Démobilisé en 1919, il se retire dans le pays bigouden pour tenter de se ressourcer. Pendant deux ans, il prépare sa deuxième exposition personnelle au musée des Arts décoratifs à Paris. Il y pense depuis son retour du Japon. Cette exposition devra être à la hauteur de la précédente en 1913.

Les oeuvres exposées reflètent ses anciennes tendances et d’autres qui annoncent, tant par le graphisme que leur thématique, le Méheut des années trente et quarante. C’est dans la deuxième partie de l’exposition consacrée à sa terre natale que Méheut va tirer le meilleur de son art afin de s’imposer comme le peintre de la Bretagne. En présentant une dizaine de panneaux décoratifs sur la vie en Bretagne, il s’affirme comme le décorateur et va obtenir ainsi de nombreuses commandes publiques et privées.

Pendant l’entre-deux-guerres, Méheut est au sommet de sa carrière. Il est connu aussi bien comme décorateur, illustrateur et céramiste. Dès l’après-guerre, débute une collaboration de plus de trente ans avec les faïenceries Henriot à Quimper, mais aussi avec la Manufacture de Sèvres et Villeroy & Boch. Les grandes compagnies maritimes confient à Méheut la décoration de leur plus beaux paquebots, ambassadeurs de tout un art de vivre. Et enfin, les éditeurs continuent à faire appel à lui comme révélateur de la Bretagne à Paris.

Il a aussi l’occasion d’enseigner dans plusieurs écoles prestigieuses : l’école Boulle en premier lieu, de 1912 à 1913 puis de 1919 à 1928 et l’école Estienne où il fait un bref passage en 1921. Après une interruption de quelques années pour se consacrer à sa carrière, il a de nouveau l’occasion d’enseigner, pendant la seconde guerre mondiale, de 1941 à 1943, cette fois à Rennes, à l’école des Beaux-Arts où il fut élève. De ces dernières années d’enseignement, un élève marqué par son professeur fera une carrière internationale dans le cinéma d’animation : Frédéric Back.

Source : http://www.musee-meheut.fr

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