Alexandre LUNOIS

Portrait de Colette

Alexandre Lunois est né le 2 février 1863 à Paris. Âgé de 17 ans, il entre comme apprenti chez l’imprimeur-lithographe parisien Achille Sirouy, spécialisé dans la gravure de reproduction. Le jeune Lunois s’exerce à cette technique et produit ses deux premières traductions lithographiques, sans compter une eau-forte d’après Butin. Les trois estampes sont exposées au Salon des artistes français de 1882, auquel il est fidèle chaque année jusqu’en 1890. Au cours de cette période, il s’aventure, d’abord timidement, du côté du dessin et de l’huile, mais continue à produire des motifs d’interprétation en ce qui concerne la lithographie — on compte Honoré Daumier, Puvis de Chavannes, Eugène Delacroix ou encore Jean Béraud.

Le déclic se produit en 1886 : il se lance alors dans la gravure originale et produit quantité d’esquisses ; ce sont ses premiers motifs parisiens. Lunois obtient deux ans plus tard une bourse de voyage qu’il met à profit pour visiter la Belgique mais surtout la Hollande. Il s’installe sur l’île de Volendam. Marqué par la lumière et la nature totalement préservée, il part ensuite en Algérie où il passe six mois. Il enchaine avec le Maroc (Fez, Tanger) puis remonte par l’Espagne qu’il parcourt allègrement : les dessins s’accumulent, des portraits surtout, de femmes (beaucoup), d’enfants, de Cadix, Grenade, Tolède et Madrid. Il ne rentre à Paris que fin 18892.

Là il décide d’utiliser la lithographie pour interpréter ses propres dessins : pour cela, il convoque un procédé quasi-oublié, en traitant la pierre au pinceau trempé dans l’encre lithographique, autrement dit tel un lavis. Les textures, nuances, contrastes de couleurs obtenus singularisent son style. Il accumule ses suites d’estampes en différents états, et les intitule en fonction des régions visitées.

En 1892, il repart en Hollande, puis en Algérie et en Tunisie, attiré par les riches contrastes qu’on y trouve. Cette année-là il montre au public pour la première fois une lithographie en couleurs, le portrait d’une jeune algérienne de la tribu des ouled naïl.

Déjà, il est repéré par des galeristes-marchands : si l’on excepte Ambroise Vollard, c’est surtout Edmond Sagot qui est son véritable premier promoteur. Il édite d’abord plusieurs séries lithographiées en noir, Scènes de la vie de Paris ; Les galeries supérieures du théâtre Beaumarchais, complétées par une suite en couleurs (1894-1898). En sortant du salon de la Société nationale des beaux-arts le 2 juin 1894, Edmond de Goncourt note dans son Journal : « Une planche très remarquable est une lithographie de Lunois intitulée Danseuses espagnoles dans la danse. Une planche du plus grand caractère échappant à l’imitation japonaise par l’intensité des tons, le bleu cru du fond, le jaune, le rouge franc, les noirs d’ombre nocturne en pleine figure ».

Ce style contrasté, violent, se retrouve dans ses premières affiches : Excursions au Maroc (1895), mais surtout L’Andalousie au temps des Maures qu’il exécute pour le pavillon espagnol de l’exposition universelle de 1900. Un projet d’affiche pour la Sixième Exposition des peintres orientalistes français a été également identifié ; il est d’ailleurs membre de la Société des peintres orientalistes.

En 1908, Lunois retourne une dernière fois en Espagne, après avoir visité l’Allemagne et la Scandinavie. L’année suivante, il expose pour la dernière fois au salon de la Société nationale des beaux-arts. Dans l’intervalle, il achève de graver soixante eaux-fortes qui illustrent une édition luxueuse des Contes d’Andersen, dans une nouvelle traduction en français effectuée par sa propre épouse .

Peu avant la Première Guerre mondiale, il effectue un dernier voyage, cette fois en Turquie. Il en ramène la matière pour exécuter ses ultimes gravures, figurant des paysages du Bosphore. Paraît alors une sorte de catalogue raisonné chez Henri Floury (1914).

Il meurt le 2 septembre 1916 au Pecq.

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