Renée Dunan est une femme mystérieuse dont la vie est souvent racontée au conditionnel. Elle serait née à Avignon en 1892 d’une famille d’industriels. Après des études menées chez les religieuses auprès desquelles elle acquit une solide culture classique (nombreuses de ses œuvres sont parcourues de références), elle voyage plusieurs années et continue ainsi sa formation par la découverte de nouveaux pays, de nouvelles sociétés et cultures. Elle devient ensuite journaliste – en charge d’une rubrique littéraire pour Action notamment, et écrit aussi pour Le Disque vert, Floréal, Images de Paris, ou encore Rives d’Azur –, et travaille dans des bureaux pour compléter ses fins de mois. Elle était qualifiée de « vitrioleuse » tant ses critiques littéraires étaient redoutées.
Écrivaine prolifique, ses livres ont été publiés dans les années 1920-1930, à raison de huit par an ! Les thèmes très variés vont de récits d’aventures à d’autres érotiques, des romans historiques, policiers, psychologiques, ésotériques… L’autrice refusait de se cantonner à un seul genre.
Après 1936, la trace de Renée Dunan se perd, c’est donc l’année à laquelle on date sa mort. On ne peut faire que des suppositions sur la vie de cette autrice tant l’on doute de tout.
Ce que l’on sait du moins, d’après les écrits signés Renée Dunan ou par un de ses nombreux pseudonymes (Luce Borromée, Laure Héon, A. R. Lyssa, Ethel Mac Singh, Léa Saint-Didier, Renée Caméra, Marcelle Lapompe, A. de Sainte-Henriette, M. de Steinthal., etc.), c’est qu’il s’agit d’une personne qui veut jouir de sa liberté, s’émanciper, assumer sa liberté sexuelle ; réaliste, elle n’hésite pas à dépeindre des portraits sans détour et pose un regard très lucide sur la société, certains diront même cynique. Dans ses romans, notamment érotiques, son féminisme est mordant ; elle rêve de femmes puissantes, de la déconstruction du mythe de l’homme phallique dominant et n’hésite pas à dénoncer la sauvagerie de certains hommes-prédateurs.
Proche des mouvements dada et surréaliste, elle a contribué à la revue dadaïste Projecteur, dirigée par Céline Arnauld.
Dans les années 1930, elle devient membre de l’Union des intellectuels pacifistes. Sa signature se trouve en outre dans de nombreuses revues sociales et anarchistes dans lesquelles elle s’est exprimée. On peut en effet lui trouver une page dédiée sur le site du Centre international de recherches sur l’anarchisme. Pour la revue L’En-dehors, elle rédige un article titré « Le nudisme, revendication révolutionnaire ? » et défend le nudisme de la censure, qui est d’ailleurs un des points fondateurs de l’anarchisme individualiste dont elle fréquente le mouvement – l’idée du naturisme est de préférer l’ordre naturel à l’ordre social.
Son premier roman, La Triple caresse, paraît en 1922 chez Albin Michel et reçoit un très bon accueil. Il est d’ailleurs considéré pour le prix Goncourt, mais Le Martyr de l’obèse écrit par Henri Béraud est préféré.
Malgré une notoriété évidente et l’abondance de ses écrits, en termes de romans, d’articles et de chroniques, il existe très peu de documentation sur Renée Dunan. Connaissant un peu mieux le personnage et ses publications, on s’étonne alors de cette fragile postérité. Source : https://editionsveliplanchistes.fr/
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