Gaston VUILLIER

Portrait de Colette

Né le 7 octobre 1845 à Perpignan, Gaston Pont, fils naturel d’Anne Pont, vingt ans, servante à Roquefort-de-Sault. Non reconnu par son père, Paul-François Vuillier, maître des forges, le garçon fut cependant élevé par ses soins. 

L’été de ses quatorze ans le garçon change de nom : ses géniteurs se marient, son père le reconnaît, il devient donc le 25 juillet 1860 : Gaston Vuillier. Après son baccalauréat, il entame, à Aix-en-Provence, des études de droit  et commence une modeste « carrière » dans l’étude d’un notaire marseillais. Mais il faut croire que, dès cette époque, se manifeste chez lui un goût, assez partagé dans son milieu social, pour le dessin et la peinture. Il se rend donc, pour apprendre, à l’École des beaux arts de Marseille où il se lie avec le directeur, le peintre Philippe Auguste Jeanton qui, en tant que républicain, est très lié à Gambetta. Il présente le grand homme à Vuillier et ce dernier en fait plusieurs portraits, en amateur. La rencontre se révéla vite décisive : en 1870, le jeune juriste est engagé comme lieutenant dans l’armée de la Loire, propulsé officier d’ordonnance du délégué à la guerre, il se retrouve en 1871, chef de cabinet du préfet d’Oran. Il restera six ans en Algérie et c’est sans doute dans les campagnes de l’Oranais qu’il découvre à la fois un autre monde visuel, auquel les peintres orientalistes étaient depuis longtemps sensibles, et qu’il se met lui-même à prendre des « notes dessinées », sur ses carnets. En 1876 sa décision est prise : il monte à Paris où il s’inscrit dans l’atelier d’un élève de Courbet, Emmanuel Lansyer. Il est alors peintre de paysages provençaux et, déjà, limousins, mais c’est par une voie toute différente qu’il sortira de l’anonymat.

En 1878, en effet, Gaston Vuillier, jeune aspirant peintre franchit le seuil de la maison Hachette pour rencontrer un des grands personnages de la presse du temps : Edouard Charton. L’homme est une légende. Né en 1807, il a fondé Le Magasin pittoresque, revue de vulgarisation de tous les savoirs. 

 Vuillier montre ses carnets algériens et on l’invite à publier dans Le Magasin pittoresque, dès 1878. En 1880, il passe au Tour du Monde, revue beaucoup plus exigeante.

A partir de ces rencontres fondatrices, il faudra encore une dizaine d’années pour que Vuillier affirme véritablement sa voie. Il s’impose d’abord, en effet, comme un « homme d’image » très éclectique qui met son talent au service de la presse et du livre illustré dans ses formes les plus nobles. Portraitiste, pour Le monde illustré, de célébrités – Delacroix, Victor Hugo sur son lit de mort.
Ces activités multiples font de Vuillier un dessinateur connu qu’Hachette tient à s’attacher d’autant plus solidement en lui confiant l’écriture des textes. Il assumera désormais cette posture du voyageur dessinateur et écrivain ; Le Tour du monde sera, quasiment, son seul port d’attache.

C’est en Limousin, dès le début des années 1890, semble-t-il, que Vuillier a rencontré son paysage de prédilection, le site auquel il consacrera toute la dernière période de sa vie. Gimel est déjà au centre du premier reportage, Vuillier déploie ses explorations corréziennes autour de ce lieu d’élection qui l’a soudainement conquis .

Lieu de paix donc, et d’harmonie rousseauiste. Mais ce n’est point ce qui a retenu Gaston Vuillier à Gimel, c’est, au contraire, le contraste entre cette première image et l’explosion chaotique et bruyante d’un paysage convulsif déjà rapidement célébré par Abel Hugo et George Sand. Et Gimel va devenir le havre du dessinateur qui va bientôt partager son temps entre le Limousin et Paris. Il part en Ecosse pour réaliser sur place les illustrations du récit de voyage de Marie-Anne de Bovet, L’Ecosse, souvenirs et impressions de voyage (1898). Puis, à l’exception de quelques voyages en Andalousie, il renonce à ses longs séjours méditerranéens pour se consacrer à l’illustration de classiques – Carmen (1911) et Colomba (1913) de Mérimée, Le dernier des Abencérages de Chateaubriand (1912) – et d’ouvrages à la mode – La femme et le pantin de Pierre Louys.

Il mourra le 2 février 1915, à Gimel, dans sa maison des cascades et il repose aujourd’hui dans le petit cimetière du lieu. On rapporte qu’après la guerre sa veuve organisa une vente aux enchères de ses œuvres qui n’eut qu’un piètre succès. Gaston Vuillier venait d’entrer, pour quelques décennies, dans l’oubli.

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