Edouard ESTAUNIÉ

Edouard Estaunié

Issu d’une famille de la bourgeoisie aisée, Édouard Estaunié fut d’abord élève des Jésuites dans sa ville natale, Dijon, avant de poursuivre ses études à Paris. Il entra en 1882 à l’École Polytechnique et à l’École des Sciences politiques. Cet écrivain non-professionnel – il fit toute sa carrière dans l’administration des Postes et Télégraphes – écrivit d’abord des ouvrages scientifiques avant de se tourner vers la littérature, ce qui le conduisit à l’Académie Française où il entra en 1923.

Après quelques œuvres, pleines de talent, qui le situent dans la lignée d’un Maupassant (Un simple, 1891 ; Bonne Dame, 1891), Estaunié abandonne le naturalisme pour se laisser aller tout entier à la vérité qui vient de s’imposer à lui avec force : l’essentiel est ce que l’on ne voit pas, ce que l’on ne dit pas. Dès La Vie secrète (1908), il va s’attacher à deviner ce qui se cache, sous les apparences les plus sereines, de drame insoupçonné. Estaunié a pratiquement situé tous ses récits en province, particulièrement en cette Bourgogne à laquelle il est profondément attaché ; ce qui lui valut le surnom de « romancier de la province », à une époque où l’on s’imaginait que le roman ne pouvait guère avoir d’autre cadre que Paris.

Que ce soit dans Les choses voient (1913), dans L’Appel de la route (1923), dans L’Ascension de M. Baslèvre (1919), partout la solitude exerce sa cruelle domination. S’interdisant de conclure, le romancier suggère cependant qu’il n’existe qu’un seul remède : l’oubli de soi. S’ils n’arrivent pas tous à la joie d’un M. Baslèvre, ses personnages, que ce soit le héros de L’Infirme aux mains de lumière (1924), ceux des Choses voient, de L’Appel de la route ou déjà de La Vie secrète, n’atteignent à l’apaisement que dans la mesure même de leur propre abnégation. Estaunié possède au service de son propos un style d’une grande pureté classique, mais dont l’austérité voulue peut rebuter au premier contact. Cette ascèse de l’écriture est d’autant plus remarquable que, dans sa première manière, l’auteur avait connu des réussites qui, avec L’Empreinte (1895), roman condamnant les méthodes pédagogiques des Jésuites, avaient atteint le plus éclatant succès. (Source : universalis.fr)

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