Alors qu’il désirait devenir enseignant, Louis Hachette rachète le brevet de libraire (et sous-entendu d’éditeur) et le fonds de Jean-François Brédif situé à Paris, au 1 rue Serpente, puis ouvre boutique au 12 rue Pierre-Sarrazin, qu’il nomme la « Librairie L. Hachette ». Située près de l’École de médecine, elle reçoit en 1832, des commandes du ministère de l’Instruction publique pour des manuels d’éducation élémentaire. À la suite de la loi Guizot, il est nommé en 1836, « libraire de l’Université ». En 1840, le notaire Henri Breton, devenu son beau-frère par alliance, injecte des capitaux dans l’entreprise. Il fonde ses premiers périodiques, la Revue de l’instruction publique, le Journal des Lycées et le Manuel général de l’instruction primaire. Il se positionne comme un éditeur scolaire par excellence.
Avant 1850, Louis Hachette, s’inspirant du modèle britannique, fait installer dans chaque gare ferroviaire un point de vente de livres, qui non seulement propose sa production mais aussi celles de ses concurrents : la « Bibliothèques des Chemins de fer » est née. Il met au point un premier système de messagerie et d’office. En 1855, il lance le Journal pour tous, périodique de littérature populaire en feuilletons illustrés qui connaît un succès immédiat. Il lance également des guides de voyages, en rachetant le fonds Joanne (1850), qui accompagne le développement du réseau ferré, puis dans cette lignée, en 1860, le périodique Le Tour du monde. En 1853, il signe un contrat d’exclusivité avec la comtesse de Ségur et fonde dans la foulée la Bibliothèque rose. En 1864, la librairie Louis Hachette devient le premier éditeur européen spécialisé dans l’ouvrage scolaire et les guides, mais l’édition de fictions commence à gagner du terrain.
Après la mort du fondateur, la « Librairie L. Hachette et Cie » est en situation de quasi-monopole pour les manuels scolaires, mais les lois Jules Ferry (1881-1882) l’obligent à se diversifier, ce qui permet à d’autres éditeurs scolaires d’émerger.
Jusqu’en 1896, Hachette possédait 1 200 bibliothèques de gare, soit un quasi-monopole, mais là encore, le Gouvernement français intervient et oblige les compagnies privées de chemin de fer à ne pas renouveler leurs contrats avec Hachette, qui décide alors de renforcer son pôle distribution, et fonde les Messageries Hachette, devenant en quelques années, après avoir racheté ses principaux concurrents, le plus gros distributeur français d’ouvrages. En 1900, la maison reprend à Armand Colin ses collections scolaires. En 1902, c’est le lancement de La Vie heureuse, un magazine très inspiré des productions de l’éditeur Pierre Lafitte, et qui va donner naissance au prix littéraire du même nom. En 1914, la maison de Pierre-Jules Hetzel, l’éditeur de Jules Verne, est intégrée au groupe. Le chiffre d’affaires atteint 60 millions de francs-or. Les locaux s’étendent entre la rue Pierre-Sarrazin, les boulevards Saint-Germain et Saint-Michel (ces bâtiments existent toujours mais ont changé de propriétaires). En 1917, le rachat d’une partie des actifs des Éditions Pierre Lafitte est entériné : Hachette devient alors un acteur important de l’édition de journaux. Durant les années 1920-1930, la production de livres triple, car Hachette investit la littérature générale et le secteur jeunesse, puis reprend la distribution en exclusive de Gallimard (1932) et de Fasquelle (1935), à travers un département de plus en plus central, les Messageries Hachette, qui comprend également des titres de presse. En 1934, l’éditeur s’associe à Paul Winkler pour le lancement du Journal de Mickey. Durant la Seconde Guerre mondiale, la famille Hachette perd le contrôle de ses filiales à l’étranger et de sa distribution, mais reprend la tête de son groupe en 1945, ainsi que du monopole de distribution, pourtant brisé par le Gouvernement provisoire : avant 1950, les NMPP passe sous le contrôle du groupe Hachette. Surnommé « la pieuvre verte », Hachette assume, depuis la fin du XIXe siècle, la distribution des livres et de la presse en France. En 1953, en créant avec Henri Filipacchi la collection Le Livre de poche à travers sa filiale la Librairie générale française, elle fédère les fonds de plus de 37 maisons d’éditions jusqu’au début des années 1970. Elle finit par racheter Tallandier, puis Grasset (1954), Fayard (1958), Fasquelle (1959) et Stock (1961).
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