A. & F. FERROUD

Portrait de Colette

André Ferroud, né à Aix-les-Bains (Savoie) le 7 octobre 1849 fonde la « Librairie des amateurs »  en 1878, au n° 210 du boulevard Saint-Germain.

Simple libraire jusqu’en 1886, Ferroud s’essaya progressivement au rôle d’éditeur en publiant d’abord les trois ouvrages d’un instituteur, Zéphir-Joseph Piérart : Histoire de Saint-Maur-des-Fossés, La Grande Epopée de l’an II  et Le Camp des Bagaudes.

Lettré et réfractaire aux gros tirages et au bon marché, Ferroud désira travailler pour les seuls bibliophiles. S’intéressant aux entreprises de ses confrères éditeurs – Damase Jouaust, Henri Launette, Albert Quantin et Émile Testard,  il s’entendait avec celui qui publiait un ouvrage qui lui plaisait pour faire tirer des exemplaires qui lui étaient réservés et auxquels il ajoutait souvent des planches.

« J’observe d’abord que M. Ferroud ne considère pas qu’en matière de livres d’art le livre lui-même, le texte, soit une quantité négligeable. C’est un excellent principe. Je n’ignore pas qu’il y a des exceptions : certains ouvrages illisibles doivent à leur illustration d’être cotés en bibliophilie, et chèrement cotés ! Mieux vaut pourtant ne pas tenter l’aventure. M. Ferroud n’édite que des œuvres littéraires consacrées : il a grandement raison.

Je remarque, en second lieu, qu’aucune de ces œuvres choisies par lui n’avait précédemment donné lieu à des éditions de luxe. Il estime et il prouve que le champ de la nouveauté est assez vaste pour qu’on ne s’acharne pas indéfiniment après les mêmes illustrations. Je puis affirmer qu’il ne songe pas à donner la moindre Manon Lescaut ! Pourquoi refaire ce qui a déjà été fait, – parfois au risque de faire moins bien ? Je m’entends : quand la Société des Amis des Livres conçoit, par exemple, une façon d’illustrer Zadig qui sera, et par le genre et par les procédés, absolument inédite, je l’approuve de donner suite à son idée ; je l’approuve surtout de réussir comme elle vient de réussir. Mais j’en ai assez, et le public aussi en a assez de ces éternels « recommencements » qui tendraient à accréditer l’opinion que les bibliophiles ne savent s’intéresser qu’à trois ou quatre livres, toujours les mêmes.

Autre constatation : les éditions Ferroud sont d’un format excellent. Plus petit, les gravures seraient trop réduites ; plus grand, ce serait mal commode : il faut que le livre de bibliophile soit aisément maniable. – Veut-on maintenant que nous examinions de près l’impression ? Elle est irréprochable ; on sent que Chamerot [Georges Chamerot (1845-1922), imprimeur de la Revue des deux mondes] y donne tous ses soins. La dimension des caractères est appropriée à celle des figures dans le texte ; car il y a une juste proportion à observer, un texte trop gros écrasant des eaux-fortes trop menues. – Et la mise en pages ! Pour ne signaler qu’un point, tous les chapitres commencent en « bonne page » [ou « belle page » : page recto, toujours impaire et de droite], sans qu’il y ait jamais, en face, une de ces pages blanches qui viennent si désagréablement interrompre le texte.

Mais au-dessus de tout, il y a le choix à faire des artistes pour l’illustration. M. Ferroud ne s’est jamais adressé, comme on l’a vu, qu’à des artistes hors de pair. Chaque fois, il s’est adressé à l’artiste que la nature de son talent désignait le mieux pour les sujets à traiter. Après coup, cela paraît tout simple. Nous ouvrons Hérodias, et nous nous disons qu’il était bien naturel d’en charger Rochegrosse. De même pour le Dernier Abbé et la Mouche : Lalauze n’était-il pas le vignettiste indiqué ? Eh bien ! il paraît cependant que ce n’est pas chose si facile de charger d’une tâche celui qui saura la remplir. » (Le Livre et l’Image. N° 4 – juin 1893, p. 244-245)  

Malade depuis 1897, André Ferroud se retira des affaires en 1903, céda sa maison à son neveu François Ferroud, qui la dirigeait déjà depuis quelques années, et mourut à Neuilly-sur-Marne [Seine-Saint-Denis],le 20 octobre 1921.

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