LA DERNIÈRE HARDE

Dans ce roman de chasse de 1938, Genevoix investit le point de vue d’un cerf, le cercle fonctionnel dans lequel il perçoit et agit. Il exprime la terreur des cerfs et des biches lors d’une battue, et l’émerveillement sensoriel du cerf lorsqu’il recouvre la liberté. Apte à rendre compte de la mémoire spatiale de l’animal, enclin parfois à l’anthropomorphisme – pas à la mode Disney, pas d’angélisme – le roman détaille une manière intelligente d’être au monde et est à lire en regard des traités de psychologie animale.

De l’illustratrice, Odette Denis, on ne sait presque rien, pas même l’année de sa naissance et l’année du déces. Petite fille de Maurice DENIS, elle compte parmi les grands illustrateurs animaliers, d’égale qualité avec Jouve ou Sandoz. On sait qu’outre Trois nobles bêtes, elle a également enrichi de gravures animées les Poèmes barbares (1948) de Lecomte de Lisle et Le livre de la jungle de Rudyard Kipling (1949). Les titres des ouvrages qu’elle a illustré permettent peut-être de conclure qu’elle avait un penchant pour le sauvage et l’exotique. Ses gravures pleine page illustrent des histoires ayant pour objet la panthère Sola, l’aigle Napo, l’éléphant Hanta et le cerf Rouge.