ODES EN SON HONNEUR

200,00

Paul VERLAINE

Paul BAUDIER

Librairie Albert MESSEIN

Illustrations de Paul BAUDIER

Librairie Albert MESSEIN – 1924
“Cette édition de luxe ne sera jamais réimprimée”

In-8° broché sous couverture rempliée – 117 pages
Dimensions : 165 x 260
Chemise (frottée – 1 lanière cassée) en maroquins marron clair et crème séparés par liseré argenté
Contreplats en papier argenté

Un des 50 exemplaires (n°31) sur Japon souscrits par René KIEFFER, contenant une suite des illustrations en bleu
Intérieur très propre et sans rousseur

Verlaine entreprend de travailler à ce volume, aussitôt qu’il a terminé Chansons pour Elle. Il le commence durant l’été 1891 et, à la fin de l’année, il a déjà écrit six cents vers. En janvier 1892, il avertit son éditeur : « Odes en son honneur finies et prêtes à imprimer. Complètement (mieux, plus corsé et en même temps plus sérieux, plus écrit que les Chansons, tout en restant, au fond, chansons… Tirant à l’élégie Tibullienne…). » Il ajoute pourtant de nouveaux poèmes durant l’année 1892. Odes en son honneur paraît en mai 1893, chez Léon Vanier.

Verlaine se trouve alors partagé entre deux femmes : il avait rencontré Philomène Boudin, dite Esther, en septembre 1887 ; il la retrouve en mai 1889, et en 1891 elle devient sa compagne. Or, en mai 1891, il fait la connaissance d’Eugénie Krantz pour qui il éprouve aussitôt une vive passion ; elle le quitte au milieu de l’année 1892 ; alors Philomène revient et veille sur le poète très malade, qui songe à l’épouser. Les Odes en son honneur ont été écrites pour Philomène.

Verlaine voit en Philomène une sorte d’héroïne de l’amour, que la vie a blessée. Après de nombreuses amours passagères, elle a connu une grande passion mais fut trahie et abandonnée ; elle mène dès lors une existence misérable. Elle réussit pourtant à conserver son courage et sa gaieté. Verlaine ressent pour elle amour, admiration et compassion. Un même destin les a tous deux humiliés et meurtris, et le poète a une immense pitié pour cette femme. En même temps, il l’admire pour sa force de caractère et trouve en elle celle qui peut l’aider à surmonter sa malheureuse destinée :

Il voit en elle une sainte et une martyre, et il n’hésite pas à évoquer sa patronne sainte Philomène. Il lui voue un « amour fou » et se dit son « humble esclave ». Même si parfois elle le trahit, il n’en a cure tant il l’aime avec passion. Amour charnel, mais aussi sympathie profonde des cœurs. Il s’adore « au sens mystique » de ce terme. Il chante aussi son destin personnel ; il a de la nostalgie pour la vie chrétienne menée naguère ; « lourd de doctrine et de scrupule », il se trouve désemparé et hésitant. Cette rencontre lui apporte réconfort et assurance. En pleurant avec Philomène, en l’écoutant raconter son existence passée, il songe à sa propre vie, et la femme aimée devient un miroir. Les poèmes érotiques célèbrent le corps de Philomène avec ferveur. Mieux encore que dans Chansons pour Elle, le poète compose un blason du corps féminin avec une impudeur païenne. 

Verlaine retrouve, dans ces Odes, fermeté et fraîcheur. Strophes et vers sont dessinés avec netteté. Soigneusement écrits, ces poèmes attestent la maîtrise persistante de Verlaine dans l’art du vers. Il marque une préférence nette pour le sizain et pour le quatrain. Il choisit plutôt l’octosyllabe dont il use dans huit poèmes. On relève aussi une très belle combinaison de vers de dix et de quatorze syllabes, tout à fait propre à suggérer l’abandon de la conversation. Une certaine musicalité feutrée se laisse entendre à maintes reprises. Verlaine demeure un artiste délicat.

Né à Paris le 18 Novembre 1881, Paul BAUDIER, éveillé par le charme du Gâtinais de son enfance, fut très tôt attiré par la campagne qui influença toute son œuvre. Ses études secondaires terminées, il devient élève et collaborateur de son oncle Edmond Duplessis. Initié, vers le même temps, à la technique de la gravure sur bois par son oncle et par Eugène Dété, il travaille bientôt pour la « vie illustrée ». Il expose à Paris, dès 1900, aux Indépendants et au Salon des Artistes Français où il présente un bois original : le portrait de sa mère. Il se marie, a trois enfants et part habiter Gentilly.

Il suit les cours de dessin chez Juillan, Colarossi, dans diverses académies, et passe brillamment, avant son service militaire, le concours des meilleurs ouvriers de France.

Mobilisé en 1914, grièvement blessé dès les premiers mois de guerre et fait prisonnier, il restera pendant deux ans en Allemagne, puis douze mois en Suisse, à Kartigen près de Thoun : il y peint et dessine des scènes de camp de prisonniers, ainsi que des paysages qu’il expose, avec succès, à Genève.

Rentré en France, Paul BAUDIER devient sociétaire des Artiste Français, il avait déjà obtenu, au Salon de cette Société, une mention honorables en 1903 et une médaille en 1906. En 1923, il se voit décerner la médaille d’argent, en 1927, une médaille d’or à l’exposition Internationale, et une médaille d’Honneur en 1943. Membre du comité et du Jury des Artistes Français dont il devient Président, il est fait en 1948, chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur. Telles sont les principales récompenses et distinctions que Paul BAUDIER obtiendra au cours de sa vie. Elles furent bien méritées, car cet artiste, infatigable travailleur, laisse un œuvre considérable et prestigieuse comme dessinateur, peintre, graveur et illustrateur.

Qu’on en juge par cette simple énumération de ses principaux travaux au cours d’un demi-siècle. Il a illustré des Confessions de Saint-Augustin, La Femme pauvre, de Léon Bloy, Monsieur des Lourdines, d’Alphonse de Chateaubriand, Civilisation, Possession du Monde, La Vie des Martyrs, de Georges Duhamel, Le Chemin de Velours, Lettres à l’Almazone et Lettres à Sixtine, de Rémy de Gourmont, La Lumière qui s’éteint, de Rudyart Kipling, La Vie de Beethoven, La Vie de Michel-Ange, La vie de Tolstoï, de Romain Rolland, La Maîtresse Servante, des frères Tharaud, Amour, Odes en son honneur, Romances sans paroles de Paul Verlaine, Numa Roumestan, d’Alphonse Daudet, etc…

D’autres ouvrages sont publiés par Paul BAUDIER « aux dépens de l’artiste ». On lui doit aussi des travaux exécutés pour des sociétés de bibliophiles ; il illustre, par exemple de bois en couleurs, les Lettres élémentaires sur la botanique, de Jean-Jacques ROUSSEAU, pour les pharmaciens bibliophiles.

Graveur éminent, ses illustrations sont nombreuses et remarquées. Il fréquente le célèbre Groupe de l’atelier Lachenal à Chatillon où il se fait des amis parmi les artistes rencontrés. Sous le charme de cette ville et de ses environs, il décide d’y habiter et fait construire, en 1927, un pavillon et atelier rue des Egroux (actuelle rue Guy Moquet).

C’est sous le cèdre de Chatillon qu’il se plaisait en compagnie de ses amis, les Maîtres céramistes Edmond, Jean-Jacques et Raoul Lachenal. Il rencontra dans cette ruche toujours accueillante, la grande Sarah Bernhardt, les peintres Van Dongen, Foujita et Suzanne Tourte, les sculpteurs Agnès de Frumerie, Halbout, Rispal, Févola…

Commentaires

    Soyez le premier à laisser votre avis sur “ODES EN SON HONNEUR”

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *